Avec Annick Bouquet, Adjointe au maire de Versailles déléguée à la Petite enfance ; Présidente de l’association yvelinoise des élus à la Petite enfance, présidente de la commission Petite enfance de France Urbaine
Référentiel qualité : pas tant des injonctions que des propositions
L’actualité de la petite enfance est très dense, avec notamment la mise en place du service public de la petite enfance par les communes devenues autorités organisatrices. Ces derniers temps, c’est aussi le travail sur le Référentiel qualité de l’accueil qui nous a fortement mobilisés. En l’occurrence, j’avais le souci de ne pas produire tant des injonctions que des propositions, afin que les professionnels de la petite enfance s’en saisissent comme d’une boite à outils mise à leur disposition et se l’approprient pour nourrir et améliorer leurs pratiques. Pourquoi pas, également, laisser la porte ouverte à ce que les professionnels puissent eux-mêmes, forts de leur expérience, enrichir ce référentiel ?
Pour que vivent les crèches familiales
Après que nous ayons contribué au dernier rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales sur les crèches collectives, voici que va sortir celui portant sur l’accueil individuel. Ayant monté un groupe de travail sur la crèche familiale (structure employant des assistantes maternelles agrées encadrées par des professionnels de la petite enfance et qui exercent à leur domicile), je ne peux que constater que ce type d’accueil, tout en respectant d’exigeants critères de sécurité et de qualité, répond sur mesure aux besoins de nombreuses familles. Je pense notamment par exemple aux enfants souffrant de troubles de l’attention et à qui le côté plus bruyant des accueils collectifs peut ne pas convenir. Et puis, des équipes pluridisciplinaires (médecins, psychomotriciens, psychologues...) y assurent l’accompagnement des assistantes maternelles. Cependant, ces crèches, ce modèle aussi qualitatif pour les enfants que pour ceux qui y travaillent, sont aujourd’hui en danger et en nette diminution. En cause ? D’une part le fait que ce mode d’accueil, bien que reconnu pour son équilibre associant les avantages de l’accueil collectif et de l’accueil individuel, reste méconnu des professionnels, des parents et des collectivités. D’autre part, son cout s’avère assez élevé pour les collectivités, avec une subvention moindre accordée par berceau.
Favoriser la souplesse et l’expérimentation
En lien avec le Collectif National des Assistants Maternels en Crèche Familiale et de nombreux autres partenaires territoriaux et associatifs, loin de nous contenter de déplorer la situation périlleuse de ces crèches, nous travaillons à non seulement pérenniser ce modèle mais encore à favoriser l’ouverture de nouvelles places. Nous avons ainsi obtenu que les préfets puissent surseoir à l’application d’un décret bloquant des expérimentations innovantes telles que les crèches familiales multi-accueil. Ainsi, par exemple, une assistante maternelle pourrait recevoir des enfants chez elle une partie de la semaine puis, certains jours suivants, travailler avec ces mêmes enfants au sein d’une crèche multi-accueil. Cette souplesse aurait entre autres avantages de permettre aux professionnels de côtoyer une partie du temps d’autres collègues et aux enfants de découvrir d’autres lieux et des jeunes camarades. Les mêmes aménagements pourraient être imaginés avec des Maisons d’Assistants Maternels (MAM). Bien entendu, on ne peut faire aussi l’économie d’une réflexion sur la création d’un vrai statut, à part entière, d’assistant maternel de crèche familiale.
Demain commence aujourd’hui
Et puis, plus généralement il importe à mon sens de lancer un grand chantier sur la Petite Enfance de demain. J’ai initié à cette fin lancé un groupe de travail national. En effet, pour de multiples raisons, le système actuel a un besoin vital de trouver un second souffle. D’abord, il convient d’intégrer plus et mieux les découvertes des neurosciences qui sont venues bousculer notre vision du petit enfant. Ensuite, il faut considérer que comme quantité de professionnels d’autres secteurs, les praticiens de la petite enfance ont évolué dans leur rapport au travail. Il en va de même pour le rapport au travail des parents des enfants accueillis. Et puis, ce sont les familles elles-mêmes, leur structuration comme leurs modes de fonctionnement, qui ont changé. Enfin, issue d’une famille de cinq filles et mère de quatre filles, je le dis sans ambages, si nous manquons de places pour les plus petits, ce sont encore les femmes qui vont devoir faire des non-choix potentiellement nuisibles à leurs carrières et à leurs aspirations. Il s’agit donc urgemment de tout remettre sur la table, sans tabou ni ambiguïtés, avec l’implication d’un maximum de partenaires pertinents et ce avant la prochaine COG (Conventions d’Objectifs et de Gestion). Il s’agit de penser et préparer l’avenir de nos familles, rien de moins !
Faire évoluer pour mieux recruter
Le sujet de la formation et du recrutement des professionnels nous occupe bien entendu aujourd’hui et depuis des années maintenant de façon très aigue. Parmi les axes de progrès que je voudrais voir être développés figurent en bonne place la validation des acquis et la création d’un diplôme permettant aux professionnels (Assistant maternel, Auxiliaire de puériculture, Éducateur de jeunes enfants ...) de devenir des Référents Parentalité reconnus au sein de la collectivité pour leur expertise. En effet, au nombre des freins au recrutement bien identifiés, on compte le manque de perspective claire d’évolution de carrière. Ce sujet repose pour l’instant dans les limbes mais je ne désespère pas de pouvoir à nouveau et bientôt le porter auprès des ministères.
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